Vendredi 13, aux portes du bonheur

Après une journée off, les 53 équipages de la 9e édition des Voiles de Saint-Barth Richard Mille ont repris du service, ce vendredi.

Au menu : un parcours de 30 milles pour les Maxi et les multicoques, une manche de 22 milles les CSA 1 et 2 puis une boucle de 18 milles pour les CSA 3, dans 18 à 22 nœuds de vent. A l’image des jours précédents, la bagarre a été belle mais ce que l’on retiendra surtout, c’est qu’elle s’est clairement intensifiée à la veille du dernier jour de compétition, en témoignent les nombreuses réclamations posées au retour de mer avec, à la clé, des écarts de points resserrés et quelques bouleversements au classement. Il va sans dire que dans ce contexte, la dernière journée de régate, ce samedi, s’annonce décisive.

Ce vendredi, quatrième jour de compétition des Voiles de Saint-Barth Richard Mille 2018, les marins ont, une nouvelle fois, bénéficié de conditions idéales et se sont, une nouvelle fois, livrés à d’incroyables bagarres sur l’eau. A titre d’exemple, chez les Maxi 2, le duel entre entre Aragon et Windfall a battu son plein. Ce soir, l’un et l’autre comptabilisent deux victoires et deux deuxièmes places, affichant ainsi une égalité de points parfaite avant le coup d’envoi de la dernière course de la compétition. « Nous avons une chance sur deux de gagner l’épreuve. Nous n’avons pas d’autre choix que de finir devant notre adversaire pour remporter la mise », note Michael Cotter, propriétaire de Windfall, évidemment ravi d’être parvenu à recoller au score aujourd’hui en s’octroyant la victoire dans la régate du jour. « Nous nous sommes imposés aujourd’hui grâce au très bon travail de notre tacticien et de notre navigateur. Ils ont parfaitement joué les placements entre les petites îles sans multiplier les manœuvres, ce qui nous a fait gagner un temps précieux. Il faudra qu’ils soient aussi bien inspirés demain pour que nous puissions inscrire notre nom une nouvelle fois au palmarès des Voiles », a ajouté l’Irlandais, tenant du titre. Cette ultime manche ne sera pas seulement déterminante pour lui et ses hommes. De fait, les dés sont encore loin d’être jetés dans la plupart des classes. Pour preuve, chez les CSA 3, seul un petit point sépare les deux leaders actuels, Team Island Water World (Frits Bus) et Crédit Mutuel – PTO (Claude Granel – Marc Emig). Idem du côté des OMA entre Flow (Stephen Cucchiaro) et R-Six (Robert Szustkowski et Robert Janecki) mais aussi des CSA 1 entre Conviction (Steve Travis) et Lazy Dog (Sergio Sagramoso). « Nous n’avons pas droit à l’erreur pour gagner car nous avons grillé notre joker lors du premier jour. Nous avons eu un peu peur aujourd’hui car nous avons éclaté deux génois pendant la course mais au final, nous sommes tout de même parvenus à gagner. Tout va un peu dépendre du parcours qui nous sera proposé demain car s’il y a beaucoup de portant, nous aurons probablement du fil à retordre avec le Melges 32 des Porto Ricains », a indique Steve Travis, le skipper du TP52 Américain.

Tension is in the air

Chez les IMRR Multihull, si la première place semble promise à Guyader Gastronomie, le TS 42 de Christian Guyader qui a fait preuve d’une remarquable régularité depuis le début de la semaine, tout reste à jouer pour le podium. Et pour cause : les 2e, 3e et 4pointent ex-aequo tandis que le 5e ne compte, sur eux, qu’un minuscule point de retard. « Le suspense reste entier et dans ce contexte, il y a forcément un peu de tension alors ce sera important de résister à la pression et de ne pas trop faire d’erreurs », explique Dale Mitchell, l’un des équipiers de Morticia qui s’est offert aujourd’hui, jour de son 37e anniversaire, une remarquable victoire de manche à bord du Sea Cart 30 customisé de Shaun Carroll, le plus petit multicoque de la flotte. La situation est relativement similaire dans la classe des CSA 2 où l’on voit mal comment la première place pourrait échapper à l’équipage Argentin de Ventarron, auteur d’un (presque) sans-faute avec quatre victoires sur cinq depuis le début de la compétition. Celui-ci devrait, certes, garder Blitz (Peter Corr) comme dauphin mais tout reste à faire pour la troisième manche du podium entre Touch2Play (Rob Butler) et Liquid (Pamala Baldwin), victime, ce vendredi, d’un départ prématuré et de différentes réclamations impliquant six bateaux. « Ça aurait pu complètement changer la donne mais finalement ça n’a eu que peu de répercussions. Il n’empêche que les écarts de points se sont nettement resserrés et que rien n’est figé », a commenté Éric Dumont, tacticien à bord du J122 d’Antigua. A l’inverse, il est fort probable que le classement actuel des Maxi 1 n’évolue pas franchement à l’issue de la dernière manche. En effet, sauf avarie, Proteus de George Sakellaris, est d’ores et déjà assuré de remporter son troisième titre consécutif sur les Voiles de Saint-Barth Richard Mille. Rambler 88 devrait, quant à lui, décrocher la deuxième place devant Sorcha de Peter Harrison, ce dernier payant lourdement son abandon dans la journée de mardi à la suite de la casse de ses trois spis. Un problème qui n’est manifestement pas entièrement solutionné puisque ce vendredi, alors qu’il occupait la place de leader dans sa classe après un départ canon, le JV72 a de nouveau rencontré un souci avec son enrouleur de foc. On espère pour lui qu’il aura trouvé une solution définitive et qu’il sera en mesure d’exploiter tout son potentiel. Verdict demain.

Ils ont dit :

Patrick Bernier, co-skipper de Speedy Nemo (CSA 3) : « La journée a été un peu compliquée pour nous car nous avons déchiré notre génois alors que nous étions très bien classés. Heureusement, on a quand même pu terminer car on avait un deuxième fic à bord mais on a perdu pas mal de temps. Globalement, cette semaine, on est plutôt très satisfait de notre navigation et de la performance du bateau. Les trois premiers de notre classe sont un peu intouchables compte-tenu du format des parcours mais on se bat pour accrocher la quatrième place et on donnera tout pour ça ! »

George Sakellaris, propriétaire de Proteus (Maxi 1) : « Ce vendredi a de nouveau été une fantastique journée de navigation, avec du vent et du soleil, et elle nous a plutôt bien réussi puisque nous avons décroché une nouvelle victoire. Nous avons pourtant cassé des petites choses, à commencer par une des filières du bateau. Heureusement, nous avons pu réparer avant d’avoir à virer de bord. Le match avec Rambler et Sorcha est intéressant. Ce sont des grandes équipes et des concurrents redoutables. Cela monte considérablement le niveau de jeu et c’est tant mieux car pour être un beau vainqueur, il faut de beaux adversaires. Nous espérons gagner aussi demain et remporter notre troisième titre d’affilée mais ce sera dur car de nombreux grains sont annoncés. »

Maxime Sorel, équipier de La French Tech Rennes St-Malo (IMRR) : « On a bien navigué. L’équipage commence à être bien calé car au début, certains ne connaissaient pas du tout le bateau. On fait troisième aujourd’hui. C’est pas mal parce que le rating du Multi50 est assez sévère mais on voit qu’on est dans le match alors on est content. C’est ma première participation aux Voiles et ma première fois à Saint-Barth. C’est gavage. Le plan d’eau est magnifique, les conditions sont parfaites parce qu’il y a toujours 20 nœuds, les bateaux sont top et l’organisation exceptionnelle. C’est vraiment cool et je suis très content d’être là. »

Sophie Olivaud Durand, skipper de Les Voiles presque au Féminin Tiru groupe EDF (CSA 2) : « Aujourd’hui, on a cru faire un super départ mais il se trouve, en fait, qu’on l’a volé. C’est bête parce que c’est la première fois, cette semaine, qu’on avait l’impression d’être dans le coup sur cette phase. Pour demain, il va falloir que l’on freine nos ardeurs (rires) ! On a eu un peu peur du vent et on a pris un ris, ce qu’on n’aurait finalement pas dû faire. Pour le reste, on a navigué propre et on est assez content même si on est dans les derniers au classement. Le principal, pour nous, c’est clairement d’être là. On ne s’est pas entraîné du tout car comme Saint-Barth a été bien touché par Irma, on a tous été très occupés? par la reconstruction de l’île. C’est pour cette raison que le simple fait de pouvoir faire la course, c’est déjà beaucoup pour nous. Notre bateau est encore à Saint-Martin avec la quille fissurée. Ça nous fait super du bien d’être sur l’eau, même avec une machine qu’on ne connait pas et qui est un peu plus grosse que ce qu’on a l’habitude d’avoir ».

Christian Reyn, skipper de Quokka PYR (CSA 2) : « Ça a été une super journée. Ça a été très amusant et juste à la limite car on n’aurait pas voulu plus de vent ni plus de mer. La moitié de l’équipage n’avait jamais navigué sur le bateau avant le début des Voiles, c’est donc un peu difficile pour nous en termes de résultat. Nous avons connu un peu de frustration cet après-midi après avoir fait un gros cocotier avec notre spinnaker. Nous étions plutôt bien placés mais cela nous a fait perdre énormément de places. Au classement, nous avons deux mauvais résultats qui nous mettent hors match mais on s’amuse malgré tout. Je prévois de ne surtout pas manquer le dixième anniversaire de la course l’an prochain. J’ai participé à toutes les éditions des Voiles depuis 2010 à l’exception d’une. C’est incontestablement ma régate préférée. L’île est magnifique, le plan d’eau parfait et les conditions aussi amusantes qu’excitantes. C’est une mélange parfait ».