Un final avec du souffle
Le rideau est tombé, ce samedi, sur la 9e édition des Voiles de Saint-Barth Richard Mille. Lors de cette dernière journée de compétition qui s’annonçait à la fois déterminante et riche en suspense, les Maxi et les Multi se sont affrontés sur une distance de 28 milles tandis que les CSA 1 et 2 ont effectué un parcours de 22 milles et que les CSA 3 ont bataillé sur une boucle de 18 milles. Tous ont composé avec du vent soutenu – entre 25 et 27 nœuds et jusqu’à 33 dans les rafales – et une mer chaotique. Des conditions musclées qui ont fait les affaires des uns et compliqué la tâche des autres, créant ainsi quelques bouleversements dans les classements, voire même des surprises. Reste qu’à l’arrivée, ce sont sept beaux vainqueurs qui ont été sacrés.
Si cette cinquième et ultime journée de compétition des Voiles de Saint-Barth Richard Mille 2018 a débuté avec un léger retard sur l’horaire prévu, la faute au passage successif de gros grains, elle a tenu toutes ses promesses avec de la bagarre à tous les étages. De fait, les conditions pour le moins toniques du jour n’ont pas freiné les ardeurs des équipages pour qui tout restait à jouer dans cette ultime régate pour le classement général. En témoigne l’incroyable duel qui a opposé Proteus et Sorcha chez les Maxi 1. Les deux 72 pieds se sont rendus coup pour coup du début à la fin de la course pour finalement en terminer avec moins d’une minute d’écart sur la ligne d’arrivée. L’avantage est toutefois resté aux hommes de George Sakellaris qui ont ainsi enfoncé le clou au général, inscrivant, de ce fait, leurs noms pour la troisième fois consécutive au palmarès des Voiles et doublant la mise en remportant la Richard Mille Maxi Cup (lire ci-après). Le combat a également été d’une rare intensité du côté des Maxi 2, et en particulier entre Aragon et Windfall qui pointaient, à l’aube de cette dernière régate, à égalité de points. « Un air de déjà vu », notait justement Olivier Douillard, tacticien à bord du Marten 72 des familles Verder et Van Nieuwland qui revivait alors exactement la même situation que lors de l’édition 2017 et espérait que cette fois, le jeu tourne en sa faveur. Raté. La victoire est finalement une nouvelle fois revenue à l’Irlandais Michael Cotter après un insoutenable suspense. Idem, mais en puissance 5, pour Flow chez les OMA. Et pour cause, dans cette catégorie, tous les bateaux de la flotte pouvaient encore prétendre au podium ce matin en quittant le ponton. Il aura fallu attendre le tout dernier moment et les calculs savants des ratings pour connaitre le tiercé gagnant.
Du suspense jusqu’au bout
Même topo ou presque du côté des CSA 3 où tout restait à faire pour Crédit Mutuel – PTO et Team Island Water World pour monter sur la plus haute marche du podium. Au bout du compte, et ce malgré une erreur de parcours et la casse d’une drisse, c’est l’équipage mené par Claude Granel et Marc Emig qui a fait la différence, terminant néanmoins à égalité de points avec son adversaire. « C’est décevant pour nous mais les règles sont les règles et en l’occurrence elles stipulent qu’en cas d’ex-aequo, c’est la dernière manche qui tranche », a commenté, non sans une pointe de regret, Frist Bus qui aurait bien aimé s’imposer dans la catégorie des CSA, comme il l’avait fait dans celle des Melges 24 à deux reprises les années passées. « Il nous a vraiment donné un maximum de fil à retordre cette semaine », a relaté Emig, fier de décrocher, avec son team, une quatrième victoire sur les Voiles de Saint-Barth, égalisant ainsi le score (remarquable) de Rambler. La tension a, heureusement ou non, été nettement moins grande chez les CSA 2, les IRMM et les CSA 1 où Ventarron, Guyader Gastronomie et Conviction avaient respectivement course gagnée avant même le dernier round, mais tous n’ont pas géré la course de la même façon. En effet, si le premier a une nouvelle fois tenu coûte que coûte à s’octroyer une nouvelle victoire de manche, les deux autres ont préféré jouer la carte de la prudence. Bien leur en a pris si l’on en juge par le nombre impressionnant de figures de style et de départs au tas auxquels on a assisté tout au long de la journée aujourd’hui, mais aussi aux abandons auxquels ont été contraints différents concurrents à l’image de Gordon’s et de Speedy Nemo à la suite de problèmes de spi ou du bateau Les Voiles presque au Féminin après que sa numéro 1 tombe à la mer. Bref, on l’aura compris, le spectacle a été de toute beauté cette semaine, et le suspense à couper le souffle. Pas étonnant donc que tous les équipages présents cette année se soient d’ores et déjà donné rendez-vous pour la 10e édition des Voiles de Saint-Barth programmée, rappelons-le, du 14 au 20 avril 2019.
Proteus remporte le classement de la Richard Mille Maxi Cup et s’offre la montre RM 60-01
Richard Mille, partenaire principal des Voiles de Saint-Barth depuis l’origine, a résolument affirmé l’importance de l’univers marin dans sa collection. Jamais la marque n’a été aussi impliquée dans le monde nautique et son modèle consacré à la navigation en haute mer, la RM 60-01 Chronographe Flyback Régate, en est la preuve. C’est cette montre que l’équipage de Proteus mené par l’Américain George Sakellaris a remportée pour avoir terminé en tête du classement général des Maxi (Maxi 1 et Maxi 2), comme cela fut déjà le cas lors des deux dernières éditions. Animée par un calibre automatique RMAC2 en titane grade 5 et dotée de 55 heures de réserve de marche, d’un balancier à inertie variable et des fonctions chronographe flyback, calendrier annuel, grande date et UTC, la RM 60-01 facilite la navigation grâce à sa lunette tournante spéciale, ponctuée des quatre points cardinaux et d’un disque gradué à 360° avec échelle des 24 heures. Elle se démarque ainsi des autres montres de navigation par sa faculté à orienter, sans calcul supplémentaire, sur l’hémisphère nord aussi bien que sur l’hémisphère sud.
Déclarations des vainqueurs de Voiles de Saint-Barth Richard Mille
Stu Bannatyne, équipier de Proteus, vainqueur en Maxi 1 : « Les conditions ont été assez musclées aujourd’hui et nous nous sommes livrés à un très beau duel avec Sorcha. J’avoue néanmoins que parfois, ça a été un peu stressant. Envoyer le spi dans 30 nœuds de vent, ça peut parfois être un peu scabreux. A l’arrivée, nous terminons à une minute d’intervalle. Un finish comme on les aime. Nous nous sommes vraiment donnés à fond. Ça a été dur et l’important a été de trouver le bon dosage entre aller vite et rester prudent. Au bout du compte, nous décrochons la première place et c’est une grande satisfaction. Pour ma part, c’est ma quatrième victoire aux Voiles de Saint-Barth et la troisième d’affilée à bord de Proteus. Cette 9e édition a vraiment été parfaite. Ce que nous retiendrons surtout, ce sont les très bonnes conditions météo et les jolis parcours proposés aux Maxi. »
Michael Cotter, propriétaire de Windfall, vainqueur en Maxi 2 : « Jusqu’à la fin, le match a été très serré avec Aragon. Ils ont bien navigué et se sont montrés audacieux tout au long de la semaine. De notre côté, nous avons eu un peu de chance à deux ou trois reprises, ce qui nous a permis de faire la différence au final. Tout s’est joué dans la dernière manche, exactement comme l’année dernière. C’est un scénario toujours très excitant et nous sommes ravis que les choses aient, une nouvelle fois, tourné à notre avantage. Honnêtement, on a douté jusqu’au bout parce qu’en franchissant la ligne d’arrivée, on était devant mais on n’était pas sûr d’avoir assez d’avance pour compenser note différence de rating. Il se trouve que dix minutes ont suffi. Les conditions cette semaines ont vraiment été fantastiques. Nous avons vraiment adoré le fait de bénéficier d’une cinquième journée de compétition cette année et nous espérons qu’il en sera de même lors de la prochaine édition ! »
Frédéric Laffitte, équipier de Conviction, vainqueur en CSA 1 : « C’est une belle victoire et nous sommes très contents. Ce matin, nous sommes partis sur l’eau sans trop de pression parce que nous savions que si nous ne faisions pas de grosses bêtises, nous étions assurés de la victoire. En ce sens, nous avons navigué de manière assez conservatrice. Nous n’avons fait aucun départ au tas et surtout, nous n’avons rien cassé pour la première fois depuis le début de la course. Les conditions ont pourtant été musclées aujourd’hui et nous nous sommes faits bien secouer au près. Nous étions parfois un peu à la limite car comme toutes nos voiles ont explosé les unes après les autres cette semaine, nous n’avions plus le droit à l’erreur aujourd’hui car il ne nous restait qu’un foc à bord. »
Marc Emig, skipper de Crédit Mutuel – PTO, vainqueur en CSA 3 : « On est super content de gagner. Aujourd’hui, pour être franc, on savait en partant sur l’eau qu’on allait bénéficier de conditions plutôt favorables pour notre bateau car dans le vent fort, on a un léger avantage sur le Melges 32. On a d’ailleurs fini le premier près et on était toujours en tête avec une belle avance à la bouée 13. Ensuite, on a cassé notre drisse de Code 0. On a tout affalé et on s’est rendu compte qu’on se trompait de parcours. Heureusement, on a réussi à limiter les dégâts et à revenir sur Lazy Dog qu’on a finalement fini par doubler juste avant la ligne d’arrivée. On termine tous les deux à égalité de points mais la première place nous revient puisqu’en cas d’ex-aequo, c’est la dernière manche qui compte. C’est super. »
Hernan Mones Ruiz, skipper de Ventarron, vainqueur en CSA 2 : « C’est vraiment super pour nous de remporter les Voiles de Saint-Barth. Notre ambition, avant de venir, était de faire une belle régate et de prendre un maximum de plaisir sur l’eau car nous nous sommes inscrits avec un bateau que nous ne connaissions pas. Il se trouve que jour après jour, nous sommes devenus de plus en plus confiants. Au final, nous avons remporté 5 des 6 manches courues et même lors de la dernière, alors que nous avions déjà course gagnée, nous nous sommes battus et nous avons tout donné. Je suis très fier de mon équipage. Il a fait un super boulot et s’est montré très conquérant. Cette semaine, tout a vraiment été parfait, les conditions, bien sûr, mais aussi l’organisation. J’ai disputé de très nombreuses régates dans ma vie et les Voiles de Saint-Barth sont assurément l’une des plus belles ! Aujourd’hui, la bouteille de champagne que nous avons reçue sur l’eau au franchissement de la ligne d’arrivée a vraiment la petite touche en plus. Formidable ! »
Christian Guyader, skipper de Guyader Gastronomie, vainqueur en IMRR : « Nous avions assuré notre victoire au général avant même la dernière course et cela s’est un peu ressenti aujourd’hui car comme nous avons relâché la pression, nous avons un peu navigué comme des patachons. Nous sommes partis avec un ris dans la grand-voile et sous solent, c’est-à-dire complètement sous-toilés. Et pour cause, nous avons joué la carte de la sécurité compte-tenu des conditions météo musclées. Reste qu’au final, nous sommes vraiment ravis d’avoir battu des gros bateaux comme Phaedo mais aussi, tout simplement d’avoir eu l’opportunité de régater contre eux. Nous sommes très contents de notre semaine et heureux d’avoir participé à la course. L’organisation est vraiment extraordinaire. Je n’ai que de belles choses à dire ».
Stephen Cucchiaro skipper de Flow, vainqueur en OMA : « Saint-Barth est un endroit incroyable pour naviguer et régater. Cette semaine, il y a eu du vent tous les jours et ça a été difficile, notamment aujourd’hui avec des rafales à plus de 30 nœuds. En ce qui nous concerne, nous avons fait au plus simple, c’est-à-dire droit au but. C’était très excitant parce que les bateaux montaient vite sur une coque mais aussi un peu stressant. Heureusement, personne ne s’est vraiment fait peur et personne n’a chaviré. Dans notre classe, la compétition n’aurait pas pu être plus intense. Nous avons gagné sans avoir même remporté une seule manche, c’est dire si la compétition a été serrée ! Nous avons apprécié la convivialité de l’épreuve et le fait d’avoir pu échanger avec tous les concurrents. A coup sûr, nous reviendrons l’année prochaine ! »
Ils étaient présents cette semaine aux Voiles de Saint-Barth Richard Mille : Stu Bannatyne, Jimmy Buffett, Brad Butterworth, Reggie Cole, Pete Cumming, Simon Daubney, Jan Dekker, Olivier Douillard, Robbie Doyle, Chris Draper, Éric Dumont, Marc Emig, Andy Estcourt, Thierry Fouchier, Stir Fry, Marc Guillemot, Peter Harrison, Rome Kurby, Gilles Lamiré, Arthur Le Vaillant, Mark Mendelblatt, Eduado Natucci, Jann Neergaard, Nin O’Ieary, Laurence Parisot, Lionel Péan, Joca Singorini, Maxime Sorel ou encore Alessandra Sublet.