Au bonheur des Voiles
Le rideau est tombé, ce samedi, sur la 10e édition des Voiles de St. Barth Richard Mille. Lors de cette dernière journée de compétition qui s’annonçait – et qui s’est confirmée – déterminante, les différentes classes se sont affrontées sur des parcours de 24 à 29 milles dans des conditions, une nouvelle fois, idéales, avec entre 16 et 18 nœuds de vent. Si certains ont parfaitement assuré leur course et, par ricochet, leur place au classement, d’autres, en revanche, ont cédé sous la pression de leurs adversaires. A la clé, quelques bouleversements mais aussi quelques surprises. Reste que ce sont neuf formidables vainqueurs qui ont été sacrés ce soir à Gustavia !
Dans bien des classes, le suspense restait entier à l’aube de ce dernier jour de compétition. Et s’il est une classe où le match était particulièrement attendu, c’est sans conteste celle des CSA 4. De fait, si Liquid était quasiment assuré de l’emporter, le jeu restait grand ouvert pour les deuxièmes et troisièmes places, Holding Pattern, Touch2Play Racing et El Ocaso se tenant alors dans un mouchoir de poche. Aussi, comme on pouvait s’y attendre, ces trois-là se sont rendu coups pour coups aujourd’hui, et c’est à la “photo finish” qu’il a fallu les départager, en témoigne cet écart d’une petite seconde seulement entre les équipages de Chris Body et de Sir Richard Matthews à l’arrivée de cette ultime régate. « Notre classe s’est révélée incroyablement compétitive, avec des courses extrêmement serrées. Il a fallu assurer les basiques car la moindre petite erreur se payait cash », a assuré Michael Giles, l’un des équipiers de Pamala Baldwin sur le bateau vainqueur. Même constat pour Berrit Bus dans la catégorie des CSA 5 qui s’est imposée, cet après-midi, avec une avance de quatre minuscules secondes sur Crédit Mutuel – SGS de Claude Granel et Marc Emig. « C’est aussi génial que frustrant de terminer avec des écarts aussi infimes. Toute cette semaine, on a bien bataillé mais les trois premiers jours, marqués par des grosses conditions de mer au vent de l’île, ne nous ont pas favorisés. En Melges 24, on a clairement eu l’impression d’être dans une machine à laver géante, et ça n’a pas été facile de piloter le bateau. C’est toutefois de bonne guerre. L’an passé, c’est nous qui l’avions emporté au final », a commenté la Néerlandaise qui, pour mémoire, s’était effectivement imposée sur le fil, à égalité de points avec le duo Granel – Emig. Un tandem qui signe cette année sa cinquième victoire sur les Voiles de St. Barth Richard Mille, devenant alors l’équipage le plus titré sur l’épreuve toutes catégories confondues, mais manquant de peu le sans-faute cette semaine.
Des récidivistes… et des nouveaux
« On espérait vraiment réussir à gagner toutes les manches et il a fallu qu’on laisse échapper la dernière. C’est dommage car ça aurait été un joli pari », a déclaré Marc Emig. Le pari en question, trois équipages l’ont tenu lors de cette 10e édition : Sorcha de Peter Harrison chez les Maxi 1, Lazy Dog de Sergio Sagramoso chez les CSA 3 et Summer Storm d’Andrew Berdon chez les CSA 2 qui a réussi, en prime, le tour de force de s’imposer dès sa première participation. « Au cours de la semaine, nous avons été capables de pousser de plus en plus fort. Nous avons été agressifs dans les phases importantes et efficaces lors des changements de voiles. A bord, tout a été exécuté à la perfection et c’est assurément ce qui nous a permis de faire la différence », a indiqué Stu Bannatyne, le Néo-Zélandais quadruple vainqueur de la célèbre Volvo Ocean Race et tenant du titre dans la catégorie des Maxi à bord du Maxi 72 Proteus, qui inscrit pour sa part l’épreuve une deuxième fois consécutive à son palmarès. Même chose pour l’équipage de Guyader Gastronomie mené par Christian Guyader chez les Multi IMHRR malgré une petite frayeur pour l’un de ses équipiers victime d’une vilaine entorse à la cheville lors de la manche du jour. Mieux encore pour le team Windfall de Michael Cotter qui signe, en ce qui le concerne, une troisième victoire d’affilée. « Nous avons eu de la chance plusieurs fois ! », s’est amusé le propriétaire du SW 94 Carbon irlandais qui compte parmi les plus fidèles de la compétition, tout comme Greg Slyngstad. Ce dernier, déjà vainqueur de la course à deux reprises, en monocoque puis en multicoque, s’est de nouveau imposé cette année à la barre de Fujin, prenant ainsi une revanche sur l’année dernière. « Nous avions chaviré un mois avant les Voiles lors de la RORC Caribbean 600 et il nous a fallu six mois pour tout réparer, mais nous revoilà, aussi bons voire meilleurs qu’avant ! », a assuré le navigateur de Seattle qui a pu s’appuyer, ces derniers jours, sur le talentueux Jonathan McKee, médaillé d’or en Flying Dutchman aux Jeux Olympiques de Los Angeles en 1984 puis médaillé de bronze dans la série des 49er aux J.O. de Sydney 2000. « On reviendra la prochaine fois avec l’ambition, cette fois, de ne concéder aucune manche à la concurrence », a commenté Slyngstad. Le rendez-vous est pris.
Sorcha remporte la Richard Mille Maxi Cup
Richard Mille, partenaire des Voiles de St. Barth depuis l’origine, et partenaire titre depuis cette année, a résolument affirmé l’importance de l’univers marin dans sa collection. Jamais la marque n’a été aussi impliquée dans le monde nautique et son modèle consacré à la navigation en haute mer, la RM 60-01 Chronographe Flyback Régate, en est la preuve. C’est cette montre que l’équipage de Sorcha mené par le Britannique Peter Harrison a remportée pour avoir terminé en tête du classement général des Maxi (Maxi 1 et Maxi 2). Animée par un calibre automatique RMAC2 en titane grade 5 et dotée de 55 heures de réserve de marche, d’un balancier à inertie variable et des fonctions chronographe flyback, calendrier annuel, grande date et UTC, la RM 60-01 facilite la navigation grâce à sa lunette tournante spéciale, ponctuée des quatre points cardinaux et d’un disque gradué à 360° avec échelle des 24 heures. Elle se démarque ainsi des autres montres de navigation par sa faculté à orienter, sans calcul supplémentaire, sur l’hémisphère nord aussi bien que sur l’hémisphère sud.
Déclarations des vainqueurs de Voiles de St. Barth Richard Mille 2019
Andy Clark (Equipier à bord de Sorcha), vainqueur en Maxi 1 : « Nous sommes ravis de remporter cette édition des Voiles de St. Barth Richard Mille dans la classe des Maxi. SHK Scallywag a vraiment très bien navigué mais les parcours courts ne sont, de fait, pas à son avantage. Les équipages de Windfall et Sojana ont également été très bons et même s’ils n’ont pas couru dans la même catégorie que nous, ils nous ont obligés à nous tenir sur nos gardes pour le classement Overall. Nous sommes évidemment un peu déçus de ne pas avoir pu nous confronter au nouveau Bella Mente mais il a malheureusement rencontré un problème de mât juste avant le coup d’envoi de la course. C’est dommage mais la semaine a été fantastique malgré tout. Les conditions ont été excellentes et les gars de l’équipe ont vraiment apprécié les parcours. Peter Harrison et Pierre Casiraghi se sont relayés à la barre pendant la course et ils ont bien fonctionné ensemble. C’était parfait ».
Michael Cotter (Windfall), vainqueur en Maxi 2 : « Nous nous sommes bien bagarrés toute la semaine avec Sojana mais nous ne pouvons nous empêcher de nous demander comment se serait déroulée la course si Selene n’avait pas été victime d’une collision. Il était, a priori, le bateau à battre cette année. Quoi qu’il en soit, nous sommes très contents de notre performance et du temps passé ici, à Saint-Barth. Je tiens vraiment à féliciter les organisateurs. Ils font un excellent travail. La course est définitivement magnifique et les parcours autour des îles absolument superbes. »
Franco Niggeler (Kuka 3), vainqueur en CSA 1 : « Je suis heureux parce que nous avons fait une merveilleuse régate dans un endroit fabuleux. Evidemment, en plus de ça, quand on arrive premier, on se sent toujours bien. Aujourd’hui, les choses n’ont pourtant pas été simples pour nous car nous n’avons pas pris un bon départ et cela a rendue plus délicate la bagarre avec Triple Lindy, l’autre Cookson 50 de la flotte. Au bout du compte, nous méritons notre victoire parce que nous avons bien navigué et fait de belles manœuvres. Je suis fier du travail réalisé par mon équipage cette semaine. Je prévois de revenir aux Voiles de St. Barth Richard Mille, mais je ne sais pas avec quel bateau. Je possède un autre Kuka, un bateau de 42 pieds, très extrême qui pourrait être bon dans les Caraïbes, car il aime le vent fort. Ça pourrait être amusant ! »
Andy Berdon (Summer Storm), vainqueur en CSA 2 : « Première participation, première victoire ! Nous sommes très contents. Nos atouts ? Je pense que la préparation du bateau a beaucoup joué et il se trouve que l’équipage se connait très bien et depuis longtemps. Cela nous a permis de réagir vite et bien dans toutes les situations, même les plus compliquées comme ce matin lorsque deux minutes et 45 secondes avant le départ, notre génois est tombé sur le pont. Nous avons dû envoyer le foc en catastrophe mais nous avons malgré tout réussi à partir correctement. Notre expérience nous permet de nous adapter. Nous reviendrons à coup sûr l’année prochaine remettre notre titre en jeu car nous avons adoré l’évènement ».
Sergio Sagramoso (Lazy Dog), vainqueur en CSA 3 : « C’était cette année notre 8e participation aux Voiles de St. Barth, et probablement la meilleure. Les conditions ont été absolument parfaites toute la semaine et que dire de notre course ? Nous avons remporté l’ensemble des six manches disputées dans notre classe. C’est génial. Nous avons pris beaucoup de plaisir sur l’eau mais aussi à arbitrer, en quelque sorte, le très joli match qui s’est joué entre Phan et Kick’em Jenny 2. Nous serons là l’an prochain, espérant nous amuser toujours autant ! »
Pamala Baldwin (Liquid), vainqueur en CSA 4 : « Mon cœur est rempli de joie ce soir ! Sur chacune des éditions des Voiles de St. Barth que nous avons disputées par le passé, nous avons chaque fois terminé en deuxième position. La victoire nous a toujours échappée. Cette fois nous avons conjuré le sort. Je suis heureuse. J’avais un excellent équipage constitué de jeunes particulièrement talentueux, mais j’ai pu aussi compter sur l’aide précieuse de Michael Giles qui a fait des miracles à la tactique et qui a assurément été l’une des pièces maitresses de cette victoire. »
Marc Emig (Crédit Mutuel – SGS) vainqueur en CSA 5 : « Je n’ai jamais remporté une régate en gagnant toutes les manches. Ça aurait été super. C’est un peu rageant de passer à côté du sans-faute pour seulement quatre petites secondes. On va être obligé de revenir parce qu’on peut encore mieux faire ! Aujourd’hui, on n’est pas très bien parti et en plus de ça, on est allé un peu trop près de la côte et on s’est trouvé déventé par rapport à Team Island Water World qui s’est ainsi fait la belle dès le début. Sur la fin, dans la molle, il a été un peu plus handicapé que nous, mais pas suffisamment… Il n’empêche qu’une cinquième victoire sur les Voiles, c’est bien ! »
Christian Guyader (Guyader Gastronomie), vainqueur en Multi IMHRR : « On profite évidemment de la disqualification dans la deuxième manche d’Hallucine, mais on a néanmoins très bien régaté cette semaine puisqu’on a terminé deux fois premier et trois fois deuxième. On saura toutefois lui rendre hommage à la remise des prix. Aujourd’hui, on savait qu’il nous suffisait d’assurer pour aller chercher la victoire. On n’a pas franchi la ligne d’arrivée en étant très content de nous, mais il se trouve qu’on a quand même terminé 2e. Peu après le départ, on a pourtant explosé le grand-spi qu’on venait de faire réparer hier. Ça a été un peu dur surtout que le près n’est pas le point fort du bateau et qu’en général, on se refait justement au portant. Là, seulement sous petit spi, c’était un peu compliqué. On est toutefois super content de réaliser le doublé. Gagner une deuxième fois d’affilée était notre objectif sur les Voiles. Le contrat est rempli. »
Greg Slyngstad (Fujin), vainqueur en Multi ORCmh : « C’était cette année notre sixième participation aux Voiles et une fois encore, nous avons passé un très bon moment. L’endroit est magnifique, les courses très complètes et cette semaine, les conditions ont tout simplement été parfaites, avec entre 15 et 20 nœuds, c’est-à-dire exactement la tranche de vent qui nous permet d’exploiter au mieux toute la puissance de notre Bieker 53. Ce dernier répond vraiment à mes attentes. C’est une superbe machine que mon équipage, composé d’amis de Seattle de longue date parmi lesquels Jonathan Mckee, double médaillé olympique, a su mener parfaitement. »